"La décarbonation est un tremplin d’activité pour les entreprises du CVC", affirme l'AICVF

Par   Corentin PATRIGEON

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Mis à jour le 12 juin 2025
Publié le 26 mai 2025
Crédit photo Jean-Marie Souchet et Francis Allard
Jean-Marie Souchet (à gauche), directeur du congrès 2025 de l'AICVF, et Francis Allard, responsable du programme.
ENTRETIEN. Le congrès 2025 de l'Association des ingénieurs et techniciens en climatique, ventilation et froid (AICVF) se tient ce 13 juin à La Rochelle. Le directeur de l'évènement, Jean-Marie Souchet, et le responsable du programme, Francis Allard, expliquent à XPair les enjeux de ce rendez-vous.

Alors que les conséquences du réchauffement climatique se font de plus en plus sentir et que les discours se focalisent sur la sobriété énergétique, le 39e congrès national de l'Association des ingénieurs et techniciens en climatique, ventilation et froid (AICVF), qui se tient le 13 juin à La Rochelle, aura pour thème "De l'économie d'énergie à la décarbonation".

L'occasion pour les participants de découvrir des innovations, en neuf comme en rénovation, permettant cette transition énergétique, comme l'expliquent à XPair Jean-Marie Souchet, directeur du congrès et retraité de l'entreprise Hervé Thermique, et Francis Allard, membre du bureau de l'AICVF et président de la plateforme Tipee.

XPair : Quels sont les grands enjeux autour desquels s'articule le congrès 2025 de l'AICVF ?

Jean-Marie Souchet : Nous avons organisé notre congrès sur le thème de la décarbonation, un sujet d’actualité sur lequel les installateurs et BET attendent des réponses car il peut être complexe, particulièrement dans le neuf. Il est évident que ce sujet présente aussi un intérêt dans la mesure où c’est une niche, mais dans le même temps un tremplin d’activité pour les entreprises du CVC.

L'objectif du congrès sera donc de donner le plus d’informations possible aux professionnels de notre filière via des visites techniques, des conférences, des tables rondes... Nous avons trouvé judicieux d’organiser également quatre ateliers sur les thèmes des matériaux, des systèmes, de l'énergie et de la conception des bâtiments, pour permettre aux participants de dialoguer et d’échanger sur ces problématiques. En clôture de l'évènement, nous remettrons en outre des trophées de l’innovation de la décarbonation.

"Malgré un contexte évidemment très difficile pour le génie climatique, les entreprises répondront présentes, notamment dans la ventilation."

- Jean-Marie-Souchet, directeur du congrès 2025 de l'AICVF

Le congrès est un évènement national, qui concerne bien sûr tous les membres de l’AICVF mais aussi les non membres. La particularité de cette édition, qui est autofinancée grâce à notre trentaine de sponsors, est d'accueillir plusieurs centaines de participants, parmi lesquels des étudiants et des universitaires, et un grand nombre d’acteurs nationaux et internationaux.

Malgré un contexte évidemment très difficile pour le génie climatique, les entreprises répondront présentes, notamment dans la ventilation et les matériaux. Les temps sont durs mais nous nous adaptons ! Par ailleurs, l’intégralité du congrès sera enregistrée et sera disponible en rediffusion, ce qui permettra aussi de garantir une traçabilité de notre évènement.

Dans le détail, sous quels angles seront abordés les sujets des visites, conférences et ateliers ?

Francis Allard : La visite technique, organisée le 12 juin dans l'après-midi, sera l'occasion de présenter un projet de neutralité carbone dans l’agglomération de La Rochelle, portée par la Coopérative Carbone. Il s'agit d'une structure faisant le lien entre des actions de décarbonation et leur monétisation, afin de financer d’autres projets de décarbonation. Dans les zones littorales comme la Charente-Maritime, nous avons la chance d’avoir des marais qui sont de véritables puits de carbone.

En l'occurrence, la visite portera sur un projet de valorisation du marais de Tasdon. L’idée est de démontrer que ces actions sont possibles mais qu'elles impliquent une approche holistique du problème. Il faut donc faire en sorte qu’il y ait une prise de conscience des acteurs, que chacun d’entre eux se définisse des objectifs à court et moyen termes, et puissent les suivre via des instruments de mesure.

"Il faut faire en sorte qu’il y ait une prise de conscience des acteurs, que chacun d’entre eux se définisse des objectifs à court et moyen termes, et puissent les suivre via des instruments de mesure."

- Francis Allard, responsable du programme du congrès 2025 de l'AICVF

Le jour du congrès, le 13 juin, aura comme fil rouge le changement de paradigme, de l'économie d'énergie à la décarbonation. Depuis le choc pétrolier de 1973, toutes les évolutions réglementaires ont eu comme colonne vertébrale  l’efficacité ou la performance énergétique, et petit à petit, nous en sommes arrivés à l’évaluation de la consommation d'énergie avec des méthodes réglementaires.

Aujourd’hui, on dit qu’il ne faut plus aborder le problème sous l’angle de la performance énergétique, mais sous celui de la performance environnementale. Cela se voit en France, où l'on est passé de l'expérimentation E+C- à la RE2020. Durant toute cette journée, nous verrons donc comment les acteurs de notre filière prennent conscience, et prennent en charge, cette transition.

À quels acteurs comptez-vous donner la parole pour aborder ces différentes problématiques ?

F. A. : Le matin, nous aurons deux conférences plénières sur la gestion du carbone ; la première avec un tableau global dressé par l'économiste Christian de Perthuis ; la seconde avec un exemple local, à savoir la Coopérative Carbone, qui nous sera présentée par sa présidente, Anne Rostaing. Puis nous enchaînerons avec deux tables rondes : la première reviendra sur le cadre européen de la décarbonation, à savoir la directive PEB 2024 sur la performance énergétique des bâtiments, et son impact sur les évolutions réglementaires et les labels volontaires en France.

Pour nous en parler, des représentants de la profession, la DHUP (Direction de l'habitat, de l'urbanisme et des paysages), des gestionnaires de labels (Alliance HQE-GBC, Effinergie, Plan Bâtiment Durable…) nous rejoindront. La seconde table ronde s'intéressera au positionnement et aux apports des praticiens, de l’AICVF, des fabricants ou des associations, en se penchant sur la manière dont ces acteurs envisagent et participent à ce changement de paradigme.

L'après-midi, plutôt que d’avoir des présentations de cas, nous avons préféré faire travailler les participants au travers de quatre ateliers parallèles sur les matériaux, les systèmes, l’énergie et la conception globale des bâtiments. Dans chaque atelier, il y aura environ 40 minutes de présentation de points de vue et 20 minutes de "brainstorming" afin de faire émerger des idées collectives.

"On ne peut pas cantonner ces sujets au CVC, les limiter au seul secteur du génie climatique."

- Francis Allard

Chaque atelier aura un animateur et un rapporteur, qui effectueront un rendu des travaux en séance plénière, le but étant d'alimenter nos réflexions et de les mettre en forme par le biais d’articles ou de webinaires. Enfin, nous avons invité pour la session de clôture Livio Mazzarella, le président de Rehva (la fédération des associations européennes de chauffage et climatisation), ainsi qu'un grand témoin, qui n'évolue pas forcément dans notre domaine mais qui nous livrera ses impressions et ressentis.

Cela sera, je l’espère, un moment de réflexion important pour notre communauté d’acteurs du génie climatique, des industriels mais aussi des architectes, des fabricants de matériaux et de systèmes, des professionnels de la construction... Car on ne peut pas cantonner ces sujets au CVC, les limiter au seul secteur du génie climatique. Pour aborder la question du bilan carbone, il faut élargir le propos, embrasser plus large, avoir une réflexion globale.


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