Fluides : "L'installateur ne fait plus seulement du froid mais aussi de la valorisation énergétique"

Par   Corentin PATRIGEON

Actualités
Publié le 12 décembre 2025
© Corentin Patrigeon pour XPair
La table ronde sur les attestations fluides lors de la Journée de l'AFF.
MÉTIERS. À l'occasion d'une journée technique de l'Association française du froid, des représentants de la filière sont revenus sur les nouvelles attestations de capacité et d'aptitude ainsi que sur les enjeux de formation et de compétences des frigoristes.

Entre deux évolutions réglementaires, l'Association française du froid (AFF) organisait sa Journée fluides ce 9 décembre 2025 au lycée Raspail, à Paris. Le moment était en effet opportun pour parler des nouvelles attestations relatives aux fluides frigorigènes puisque les arrêtés relatifs à la délivrance des attestations de capacité (pour les personnes morales) et d'aptitude (pour les personnes physiques) sont parus au Journal officiel, et sont respectivement entrés en vigueur le 7 et le 11 décembre 2025.

Pour l'occasion, la filière froid avait donc convié un panel de spécialistes pour décrypter les conséquences du règlement d'exécution européen 2024/2215 précisant les attendus concernant la formation et/ou la certification des entreprises et des techniciens, entré en vigueur le 29 septembre 2024. Car le compte à rebours est enclenché : les entreprises et professionnels ont jusqu'au 12 mars 2029 pour se mettre en conformité avec la réglementation, autrement dit pour se former et se mettre à niveau.

Des frigoristes de plus en plus sollicités

Ce qui pose un véritable défi logistique au secteur. "Tout le monde n’est pas équipé d’un centre de formation dans son entreprise", alerte Tugdual Papillon, secrétaire général du Snefcca, le Syndicat national des entreprises du froid, des équipements de cuisines professionnelles et du conditionnement de l'air. "Beaucoup de TPME comptent sur les acteurs publics pour leur formation. Il faut que les centres certifiés, et plus largement que tout l’écosystème de la formation soient prêts à accueillir nos techniciens."

"Notre principale difficulté actuellement est l’attractivité et la qualification de nos métiers car le niveau technique est de plus en plus élevé : on ne fait plus seulement du froid mais aussi de la valorisation énergétique. L’installateur est désorienté parmi tous les choix technologiques qu’on lui propose. Et déjà qu'il y a peu de techniciens, ceux-ci sont a fortiori de plus en plus sollicités."

- Tugdual Papillon, secrétaire général du Snefcca

Se pose aussi la question de la hiérarchie des priorités pour des entreprises déjà en manque de bras. "Nous sommes un secteur en tension, à quel moment allons-nous être disponibles pour mettre nos salariés en formation pour une remise à niveau ponctuelle ?", s'interroge le responsable. "On va dire aux professionnels d’anticiper pour éviter le goulot d’étranglement mais on connaît la réalité du terrain et un certain nombre risquent de se réveiller tardivement."

Quant à l'impact financier de ces formations, il est encore trop tôt pour que la filière froid puisse se prononcer. Lionel Bonnefond, responsable conception chez Clauger, estime "à 300.000 € le coût dans les années à venir de cette remise à niveau" pour son entreprise. Des contraintes qui ne doivent toutefois pas faire perdre de vue la nécessaire transition énergétique du secteur, selon Daniel Garault, directeur délégué aux formations professionnelles et technologiques du lycée Raspail.

Bientôt une base de données

"Il y a une demande et une volonté de faire du professionnel, pas seulement un spécialiste du chiffrage, mais aussi un spécialiste du terrain, dans un contexte d’introduction de nouveaux fluides. Je ne pense pas que notre établissement soit représentatif de l’ensemble des établissements, mais nous avons actuellement une centaine de jeunes en formation dans des ateliers déjà équipés pour faire du CO₂." Les techniciens de demain devront donc être sensibilisés à ces sujets, même si tous les outils ne sont pas encore en place.

"La base de données, qui n’existe pas encore, recensera les noms des personnes et les numéros des attestations, et sera accessible directement aux organismes et aux employeurs", indique Thérèse Six, adjointe au chef du bureau des produits chimiques et cheffe du pôle Précc (Prévention des risques émergents, climat et contrôle) de la DGPR (Direction générale de la prévention des risques).

Et la représentante du ministère de la Transition écologique de conclure : "Cela peut représenter une grande marche à franchir, mais dans tous les cas l’Europe va limiter l’utilisation des fluides frigorigènes et il faut aller vers les fluides naturels. Cette certification permettra donc de cadrer cette utilisation."


Actualités

Sélection produits