F-Gas : comment cet industriel accompagne les frigoristes vers les fluides naturels

Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, la Commission européenne serre la vis sur les HFC, des gaz très utilisés dans les systèmes de réfrigération et de climatisation, mais à fort potentiel de réchauffement planétaire (PRP). Les échéances tombent rapidement : dès janvier 2025, certaines pompes à chaleur au-delà de 3 kg de fluide HFC au PRP > 750 (ex. R410A, R134A) seront interdites à la commercialisation.

En 2027, cette interdiction s’étendra aux modèles ≤ 12 kW si le fluide dépasse un PRP de 150. Olivier Michoux, directeur RSE chez Daikin France, rappelle que "l’impact principal pour les professionnels, c’est la gestion du parc existant. Avec la réduction drastique des quotas, des tensions sur l’approvisionnement peuvent apparaître. Cela suppose une montée en puissance du recyclage et de la récupération des fluides."

Le propane, une solution d’avenir sous haute surveillance

Si le R290 séduit par son PRP quasi nul (0,02), il n’est pas sans risque. Hautement inflammable, ce fluide impose des adaptations à toutes les étapes : installation, maintenance, transport, stockage, voire fin de vie du produit.

"C’est un hydrocarbure, donc potentiellement explosif. On passe d’un fluide légèrement inflammable comme le R-32 à quelque chose de bien plus sensible. Il faut former, informer et sécuriser", insiste Benoît Bihel, chef de produit sur les PAC Altherma R-290 chez Daikin.

Il estime que cette évolution sera incontournable : "D’ici à quelques années, le propane sera en quasi-exclusivité sur le marché résidentiel. L’installateur doit revoir complètement ses méthodes de travail. Celui qui ne se forme pas maintenant risque de perdre en compétitivité."

Un programme de formation pour anticiper les risques

Face à cette nouvelle donne, Daikin a lancé dès avril 2025 le programme "Stand By Me Certified Partner", structuré en quatre modules alliant théorie et pratique. L’objectif : accompagner les professionnels dans la manipulation sécurisée des nouveaux fluides. Le parcours s’articule sur plusieurs volets.

"Le module en ligne pose le décor. Mais c’est la mise en pratique, en centre, qui permet de vérifier les gestes. Le temps est incompressible. En une journée, on ne devient pas frigoriste, mais on prend conscience des enjeux."

- Thierry Daydé, responsable de la formation chez Daikin

Le format L1, en ligne et gratuit, comporte 15 à 20 minutes pour les bases réglementaires, le stockage, le transport et la mise en service. Suffisant pour installer une Pac R290, mais insuffisant pour intervenir en maintenance.

Le format L2A, à distance, est un cours de 30 à 40 minutes axé sur la sécurité des interventions (dépannage, maintenance). Et les formats L2B et L3, en présentiel à Paris ou Lyon, sont deux jours de mise en situation concrète avec les techniciens Daikin, une manipulation d’outils certifiés Atex et une validation des équipements.

Thierry Daydé, responsable de la formation chez Daikin, insiste sur l’importance du présentiel : "Le module en ligne pose le décor. Mais c’est la mise en pratique, en centre, qui permet de vérifier les gestes. Le temps est incompressible. En une journée, on ne devient pas frigoriste, mais on prend conscience des enjeux."

À chaque installation, la Pac doit être enregistrée via la plateforme "Stand By Me". Un code d’activation, accessible uniquement aux professionnels certifiés, est requis pour débloquer le système via l’application "e-care". Le technicien valide ensuite les contrôles via l’outil "e-commissioning". Cette procédure garantit une traçabilité complète de l’intervention, renforçant la sécurité de l’utilisateur final.

Une montée en compétence obligatoire pour toute la filière

Si les industriels comme Daikin se disent prêts, c’est toute la chaîne du génie climatique qui doit s’adapter. Les TPE, indépendants et installateurs ruraux auront besoin d’un accompagnement renforcé. Les futures évolutions de la réglementation (quotas divisés par deux en 2027) exigent un effort de formation massif.

"Le secteur devra faire preuve d’agilité. Mais c’est aussi une opportunité pour revaloriser le métier d’installateur, avec des compétences techniques plus pointues et un rôle accru dans la transition écologique", note Olivier Michoux.

La réglementation F-Gas agit comme un catalyseur. En anticipant la formation, les professionnels du CVC peuvent non seulement sécuriser leurs interventions, mais aussi renforcer leur valeur sur un marché en pleine mutation.