Fluides frigorigènes : tout ce qui change avec la nouvelle version de la F-Gas

Par   Corentin PATRIGEON

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Mis à jour le 27 mars 2025
Publié le 25 mars 2025
Crédit photo Snefcca
Les nouveaux quotas de mise sur le marché des fluides frigorigènes, issus du règlement européen RE 2024/573, sont entrés en vigueur le 1er janvier 2025.
ÉQUIPEMENTS. Alors que les quotas de la troisième version de la F-Gas sont entrés en vigueur le 1ᵉʳ janvier 2025, le Snefcca fait le point sur les principales modifications impactant l'emploi des fluides frigorigènes. Certains d'entre eux doivent dès maintenant être proscrits pour ménager le parc installé.

Les choses s'accélèrent avec l'entrée en vigueur, le 1ᵉʳ janvier 2025, des quotas de la nouvelle version (RE 2024/573, qui remplace la version RE 2014/573) de la réglementation européenne F-Gas, qui encadre l'emploi des fluides frigorigènes.

À tel point que le Snefcca (Syndicat national des entreprises du froid, des équipements de cuisines professionnelles et du conditionnement de l’air) n'hésite pas à parler d'une "date très importante et sans doute historique", en raison des nombreuses modifications qui concernent aussi bien la construction neuve que le parc existant.

Développer les contrats de maintenance pour repousser l'"obsolescence réglementaire"

Pour commencer, la F-Gas III accélère la baisse des quotas, obligeant les industriels à opter bien plus rapidement pour des fluides à bas PRP (potentiel de réchauffement planétaire). "Le principal enseignement à retenir, bien plus que les futures interdictions de mises sur le marché de matériels, est une baisse des quotas rapide et sans transition qui va se manifester par une raréfaction des fluides HFC (hydrofluorocarbures) dans les prochains mois", analyse le Snefcca.

Une situation qui conduira de facto les installateurs à appliquer, plus que jamais, la règle des 3R (récupération, recyclage, régénération) et les bonnes pratiques qui y sont liées. "Le temps de l’abondance en fluide frigorigène étant révolu, tout reliquat de fluide frigorigène doit être optimisé et valorisé au maximum pour garantir la pérennité du parc installé", insistent les experts du syndicat.

Qui ajoutent que "toute opération d’appoint par un autre fluide dans des installations existantes doit être proscrite pour permettre un recyclage ou une régénération du fluide frigorigène qui pourra ainsi être réutilisé et participer à la pérennité du parc d’installations".

"Le temps de l’abondance en fluide frigorigène étant révolu, tout reliquat de fluide frigorigène doit être optimisé et valorisé au maximum pour garantir la pérennité du parc installé."

Le Snefcca

Les installateurs ont également la possibilité d'aller encore au-delà des exigences légales en augmentant la fréquence de contrôle d'étanchéité ou en installant des systèmes permanents de détection de fuites sur les installations non soumises à cette obligation, ce qui permettrait d'assurer une maintenance durable des équipements et de repousser leur "obsolescence réglementaire".

Sur ce point, le potentiel de progression est particulièrement important : d'après une enquête Xerfi réalisée en 2024 auprès des entreprises du froid, des équipements de cuisines professionnelles et de conditionnement de l'air, les contrats de maintenance ne représentent que 14,5% de l'activité des installateurs.

Plusieurs fluides sont à utiliser "exclusivement en recyclé/régénéré"

Le Snefcca appelle par ailleurs les professionnels à "travailler exclusivement en recyclé/régénéré" avec les fluides R-448A, R-449A, R-134A et R-410A. Dans le contexte actuel de réduction des quotas, cet ajustement permettrait de préserver une marge de manœuvre car ces fluides "risquent en effet de disparaître à court terme" étant donné qu'ils représentaient les trois quarts de la consommation totale des HFC en tonnes équivalent CO2 l'année dernière.

"De manière générale, concernant les installations existantes, rétrofiter (rénover) aujourd’hui des installations au R-404A vers du R-448A ou R-449A peut mettre en péril le reste des installations existantes au R-448A et R-449A, pour l’entretien desquelles il n’y aura plus assez de fluide disponible", met encore en garde le syndicat.

En substitution, les professionnels peuvent se tourner vers des solutions avec une classe de sécurité A2L, dont l'utilisation nécessite toutefois une requalification de l'installation, qui implique une étude de risque dédiée et la vérification de la conformité de l'équipement.

La réfrigération doit se tourner vers les fluides aux bas PRP, le conditionnement d'air proscrire le R-410A

Le secteur de la réfrigération est lui aussi impacté par la F-Gas III : les équipements neufs doivent, "sans attendre les prochaines interdictions", se tourner dès que possible vers les fluides aux PRP inférieurs à 150. Au-delà de garantir la durabilité des systèmes, cette anticipation est d'autant plus nécessaire que "les échéances n’ont pas été corrélées avec la maintenance, ce qui pourrait donc entraîner une obsolescence règlementaire des installations".

Du côté du conditionnement d'air, les spécialistes invitent à proscrire dès maintenant le R-410A. Ce fluide devrait en effet être l'un des premiers "à se tarir, bien que nous ne puissions en déterminer l’échéance", souligne le Snefcca. "Même s’il sera encore disponible en vierge et en recyclé/régénéré, sa récupération sera insuffisante pour combler les besoins du parc installé."

Si l'installation de R-410A est encore autorisée - et est notamment soutenue par des aides publiques - en 2025 pour l'ensemble des applications (résidentiel, tertiaire, ERP...), elle revient, selon le syndicat, à "engendrer de futurs problèmes de garantie, rendre incertaine la maintenance de l’installation ; bref, mal conseiller le client".


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