"Des performances mécaniques supérieures" : ce qu'il faut savoir sur ce bois "augmenté"

Par   Steve CARPENTIER avec C.P.

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Mis à jour le 19 février 2025
Publié le 19 février 2025
Haythem Ben Brahem, chef de projet chez Woodoo
Steve Carpentier pour XPair
Haythem Ben Brahem, chef de projet chez Woodoo.
FOCUS INNOVATION. À l'occasion du salon EnerJ-Meeting Paris 2025, trois start-ups ont été distinguées parmi 19 candidates pour leurs solutions innovantes face aux enjeux climatiques du secteur de la construction. Le Grand Prix a été attribué à la jeune pousse parisienne Woodoo pour son bois "augmenté" baptisé Stack.

Lors du salon EnerJ-Meeting, qui s’est tenu le 11 février 2025 au Carrousel du Louvre à Paris, trois start-ups ont été distinguées parmi 19 candidates pour leurs solutions innovantes conciliant efficacité énergétique et réduction de l'empreinte carbone du bâtiment. Le Grand Prix a été attribué à la jeune pousse parisienne Woodoo pour son bois "augmenté" baptisé Stack. Rencontre.

XPair : En quoi consiste votre solution de bois "augmenté" ?

Haythem Ben Brahem : Notre technologie permet de modifier le bois à l'échelle moléculaire afin de lui conférer des propriétés inédites. Nous avons d'abord développé le Slim, un bois translucide destiné au secteur automobile, puis le Flow, qui transforme le bois en un matériau souple utilisé notamment pour la maroquinerie.

En 2021, après des collaborations avec des industriels, nous avons mis au point le Stack, qui représente aujourd'hui l'avenir de Woodoo dans le domaine de la construction. Initialement, nous ciblions des marchés de niche où la régularité des matériaux était primordiale. Avec le Stack, nous nous concentrons désormais sur la performance structurelle plutôt que sur l’esthétique.

Stack est-il un matériau structurel ou destiné uniquement aux parements de façade ?

H. B. B. : Nous utilisons des essences de bois de faible qualité, comme le peuplier, qui est généralement destiné à des usages peu valorisés (cagettes, allumettes). Ce bois, largement disponible en France, subit un traitement où la lignine est remplacée par une résine. Après compactage et cuisson à basse température, nous obtenons un matériau extrêmement dur, utilisable notamment en façade.

Contrairement au bois classique, qui grise, se fissure ou est sujet aux attaques biologiques, notre procédé permet d’obtenir un matériau stable dans le temps, conservant sa teinte et sa résistance tout au long de la vie du bâtiment. Nous avons notamment débuté sa commercialisation en Suisse, à Lausanne, où il est utilisé comme brise-soleil. Il présente une rigidité et un poids accrus, atteignant 1,1 tonne par m³ contre 500 kg pour un bois standard.

Notre ambition, d’ici fin 2026, est de développer une version structurelle du Stack pour remplacer les poteaux-poutres en béton armé ou en acier.

Quels sont les avantages du bois augmenté en structure par rapport au bois traditionnel ?

H. B. B. : Notre matériau se distingue par ses performances mécaniques supérieures. Il offre une résistance accrue à la flexion, à la traction et à la compression, avec une rigidité de 20 GPa. Cela permet de répondre à des exigences structurelles que le bois lamellé-collé ou le LVL ne peuvent pas satisfaire, notamment en cas de fortes surcharges de plancher. Actuellement, ces besoins sont comblés par le béton ou l’acier, mais nous proposons une alternative plus écologique et biosourcée.

Notre solution est composée à 70% de bois et 30% de résine. Pour l’instant, cette résine est issue de la pétrochimie, mais nous travaillons à l’incorporation d’une résine végétale pour réduire encore davantage notre empreinte carbone.


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