Décarbonation : comment cette méthode veut servir de boussole d’évaluation

Les projets d’aménagements urbains récents sont-ils vraiment efficaces en termes de décarbonation ? Pour le savoir, une seule solution : il faut mesurer. Voici la mission qui a été confiée à l’Observatoire Quartier Énergie Carbone (QEC), dont les premiers résultats viennent d'être révélés. La méthode QEC consiste à évaluer l’empreinte énergie-carbone des projets d’aménagement urbain dans leur globalité : bâtiments, espaces extérieurs, énergie, mobilité, eau, déchets, sol...
Avec le logiciel UrbanPrint, créé par l’institut Efficacity et le CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment) et commercialisé depuis 2022, les aménageurs et collectivités peuvent calculer le bilan carbone de tous leurs projets. Depuis un an, les deux acteurs, missionnés par l’Ademe (Agence de la transition écologique) et la Direction générale de l’aménagement, du logement et de la nature (DGALN), ont commencé à collecter les données d’UrbanPrint afin de les analyser via le nouvel Observatoire QEC.
Déjà plus de 100 projets sont ainsi suivis sur l’ensemble du territoire français, l’observatoire se concentrant sur les projets d’aménagement à l’échelle d’un quartier, qu’il soit neuf ou rénové. "Cela paraît une évidence : il faut mesurer de façon beaucoup plus précise l’impact carbone des projets d’aménagement pour mieux décarboner. Et c’est ce qu’on peut faire désormais grâce à l’Observatoire QEC", indique Michel Salem-Sermanet, directeur général d’Efficacity.
Qui rappelle également que les émissions nationales ne baissent pas assez vite pour tenir les objectifs 2030 du pays, et qu’il faudrait passer de -3% actuellement à -4% ou -5% par an.
10 millions de m² de bâtiments modélisés
"Ce que l’on souhaite, c’est que la mesure du bilan carbone des projets d’aménagement devienne un réflexe et que l’observatoire soit alimenté par un très grand nombre de projets. Ainsi, nous pourrons réaliser les analyses les plus utiles possibles pour faire monter en compétences toute la filière de l’aménagement urbain."
Morgane Colombert, directrice des études et partenariats d’Efficacity, souligne que les projets étudiés ont en moyenne un impact carbone d’environ 1,18 tonne de CO2 par an et par usager, un chiffre relativement positif. "Ces projets ont permis d’éviter plus de 80.000 tonnes de CO2 chaque année par rapport au scénario de référence", précise-t-elle.
Un outil simple à utiliser pour mesurer son impact
Poursuivant : "Nous avons aussi remarqué que les résultats, souvent, n’étaient pas intuitifs. Tant qu’on ne mesure pas, on ne sait pas. Ce n’est qu’en faisant le bilan carbone qu’on sait quelles actions seront les plus efficaces. Or, bien que cette méthode soit disponible depuis deux ans sur le site de l’Ademe, et qu’elle soit très bien documentée, encore trop peu de projets aujourd’hui font leur bilan carbone. Il faut accélérer, oser mesurer."
Pour Michel Salem-Sermanet, "ceux qui mesurent se donnent les moyens de prendre les bonnes décisions. Ceux qui portent des ambitions très fortes dès la création de l’opération d’aménagement" arrivent généralement aux meilleurs résultats, citant en exemple le village olympique ou le projet Saint-Vincent-de-Paul à Paris.
Sur le site de l’observatoire, il est désormais possible de consulter une cartographie des opérations d’aménagement recensées, un tableau de suivi répertoriant leurs caractéristiques principales et quelques statistiques sur les leviers qui ont été mis en œuvre et leurs impacts. Des statistiques sont également disponibles à l’échelle nationale et régionale, lorsqu'un nombre suffisant de projets y sont analysés.
Lire aussi
-
Logement : pourquoi transformer les zones commerciales pourrait être la solution
-
"Rénover en 2025, c'est rénover bas-carbone et rénover 'pour longtemps'", B. Georges (Oteis)
-
Réchauffement climatique : ces acteurs veulent préparer les villes à une température de 50°C
-
Chauffage : ce qu'il faut savoir sur ce nouveau comparateur des coûts et empreintes carbone