FOCUS. Si la réglementation environnementale traite du confort d’été, c’est encore sous l’angle de l’obligation de moyens. Les militants du passif prônent le recours à la simulation thermique dynamique pour parvenir à des solutions convaincantes.
Brise-soleil orientables, optimisation des surfaces vitrées, logements traversants et ventilation nocturne, brasseurs d’air… Les solutions pour lutter contre les fortes chaleurs estivales sont connues et maîtrisées. Mais, d’expérience, elles ne constituent pas la panacée.
Entre les risques d’intrusion liés au maintien des menuiseries extérieures ouvertes en pleine nuit, l’impossibilité de se protéger des bruits ambiants et la dépendance aux comportements des usagers dans les locaux publics, la bonne solution n’a pas émergé.
Ce que quatre ingénieurs – Solène Peyragrosse, du cabinet Étamine, Arnaud Vandendriesche, directeur technique d’EODD Ingénieurs Conseils, Julien Potée, chef de projet chez Florès et Julien Staal, ingénieur chez Amoès – ont tenu à développer pour annoncer la rédaction d’un manifeste relatif à l’adaptation aux vagues de chaleur. Leur ambition est aussi d'adapter les réalisations aux usages : des classes d'écoles sous les préaux, des lieux refuges conçus pour un quartier ou une ville…
Exploiter les ressources de la physique des matériaux
Ce travail collectif souligne la disponibilité de fichiers météo permettant d’alimenter des outils de simulation thermique dynamique pour produire une étude prospective à horizon de 20 ans. "Lorsqu’on réalise une STD, il est indispensable qu’elle serve effectivement l’adaptation climatique du bâtiment, et non à justifier que le bâtiment 'passe' (ou pas) un certain 'seuil'", expliquent ces ingénieurs qui demandent le soutien de leurs pairs sur le site Internet sus-cité afin de modifier la réglementation dans ce sens.
Franck Janin, responsable du bureau d’études Heliasol, poursuit le propos par d’autres propositions techniques. En premier lieu, le déphasage, c’est-à-dire le retard de l’onde de chaleur côté intérieur de l’enveloppe des bâtiments. Traditionnellement de quelques heures avec des matériaux de construction et d’isolation classiques, il peut être porté à 12 heures.
Pour exploiter cette propriété physique, Franck Janin cite la masse thermique comme moyen de stocker la chaleur. Ce qui peut selon lui être obtenu avec un mur à isolation en paille revêtu de 5 cm d’enduit de terre crue.
Inertie insuffisante
À cet ajout de masse dans les constructions, il recommande de respecter quelques règles : travailler une enveloppe isolée – une paroi d’une résistance thermique élevée laisse moins entrer la chaleur –, recourir à la ventilation double flux, réduire les apports solaires et internes, ventiler la nuit pour dissiper la chaleur stocker le jour. Et à tout le moins, utiliser les brasseurs d’air.
Pour Franck Janin, avec leur enveloppe performante et leur structure légère où la "paroi lourde" est le plus souvent constituée par le plancher bas avec sa chape et le carrelage, les ouvrages passifs sont les mieux à même de traverser les périodes de fortes chaleurs.
Dans les simulations comparées, l’isolation par l’extérieur sur une structure classique, une rénovation au standard passif et une maison à ossature bois passive franchissent l’épreuve du confort exprimé en degrés-heures. Pour autant, il ne cache pas les limites de son étude : en cas de vague caniculaire, l’inertie ne sera pas suffisante. De là à installer la clim…