Comment cette PME parvient à intégrer des panneaux solaires dans les toitures haussmanniennes

Par   Émilie WOOD

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Publié le 15 décembre 2025
© Émilie Wood pour XPair
Sur Energaïa, Alain Straboni et son équipe ont présenté une maquette légèrement plus petite que le futur module effet zinc : 40 cm de large, au lieu de 56.
EN IMAGES. Grâce à un système innovant, la PME poitevine S'Tile propose d'équiper les toitures haussmanniennes de panneaux solaires imitation zinc. La première installation devrait être réalisée à Paris début 2026.

En France, panneaux solaires et bâtiments anciens sont souvent difficiles à marier. Mais la petite entreprise S’Tile, basée à Poitiers, multiplie les innovations 100 % "made in France" qui permettent à l’énergie solaire de se faire accepter par les Architectes des bâtiments de France (ABF).

En janvier 2026, la société devrait pour la première fois installer sur la toiture zinc d’un bâtiment au centre de Paris un "insert couleur" photovoltaïque en verre, mais ressemblant au métal. En attendant, le prototype était présenté pour la toute première fois sur le salon Energaïa, qui s'est tenu à Montpellier les 10 et 11 décembre 2025.

"Nous sommes partis de l’idée d’insérer des panneaux photovoltaïques qui ont la couleur du zinc, ou très proche, sur des toitures zinc, le panneau étant en surimposition sur la toiture. Il s’imbrique de manière à correspondre exactement à la distance entre les joints", résume le professeur Alain Straboni, fondateur et président-directeur général de S’Tile mais aussi chercheur et détenteur de plus de 30 brevets, qui a travaillé avec Jean-Michel Perchet, architecte, et André Chaudun, ingénieur structure sur ce projet.

Des attaches spécifiques permettent une pose solide et facile sans affecter l’étanchéité de la toiture. © Émilie Wood pour XPair

De l’I-Cell à l’insert couleur

Alain Straboni a fondé S’Tile en 2007, peu de temps après avoir conçu l’I-Cell, une cellule solaire photovoltaïque intégrée conçue à partir de l’association de cellules découpées. Elle est à la base de nombreuses autres innovations, qui associent l’I-Cell à des matériaux variés. Avec le verre, qu’il est possible de texturer et de colorer, il est notamment possible d’imiter la pierre naturelle, l’ardoise et le zinc des toitures traditionnelles.

Ainsi, l’entreprise s’est spécialisée dans la production de modules photovoltaïques sur-mesure qui s’intègrent au bâti ou au mobilier urbain. Avec Venetia, innovation présentée à EnerGaïa 2024, le solaire est intégré au vitrage : un bon moyen de générer de l’électricité verte tout en protégeant les locaux d’une illumination excessive.

L’entreprise produit généralement les petits volumes dans son usine à Poitiers et sous-traite les plus gros volumes en partenariat. Cependant, Alain Straboni envisage d’agrandir son usine d’ici à quelques années pour faire face à une demande croissante dans ces solutions.

S’Tile pense que ce projet pourra aussi être bientôt adapté à des toitures en bac acier. © Émilie Wood pour XPair

Isolation supplémentaire

Deux ans de recherches ont été nécessaires au développement du module aux tailles voulues, 560 mm de large sur 1,75 m de haut, pour pouvoir l’attacher finement aux joints situés de part et d’autre du module. Des attaches spécifiques permettent une pose solide et facile sans affecter l’étanchéité de la toiture.

"Ces panneaux sont extrêmement puissants, parce qu’ils sont faits sur-mesure, les cellules étant découpées dans les deux directions, de sorte à maximiser la surface occupée par les cellules suivant la distance entre joints à tasseaux ou à joints debouts fixée par la règlementation", précise l’inventeur. En outre, si la couleur grise semi-transparente absorbe environ 10 % de la luminosité, les panneaux restent malgré tout suffisamment puissants pour les besoins de l’installation.

Autre avantage du projet : l’isolation supplémentaire créée par la présence des panneaux permet d’éviter que le soleil ne frappe directement le métal de la toiture, et ainsi de réduire l’apport en chaleur bien connu des toitures en zinc parisiennes. De notables économies d’énergie sont donc à attendre en supplément de l’énergie photovoltaïque produite. S’Tile pense que ce projet pourra aussi être bientôt adapté à des toitures en bac acier. En attendant, rendez-vous est donné en janvier 2026 pour vérifier les résultats de cette première installation.


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