Bois-énergie : itinéraire d'un combustible avec Poujoulat
En France, environ 8 millions de foyers se chauffent au bois-énergie, selon Poujoulat. Le groupe spécialisé dans les appareils biomasse estime qu'ils pourraient être 10,5 millions d'ici à 2035. Pour satisfaire à ses besoins, ce type d'énergie peut compter sur une forêt française de 17,5 millions d’hectares, soit 32 % du territoire, d'après l'Inventaire forestier national (IFN) 2024.
"Bien gérée, elle progresse de 3 % par an", affirme Frédéric Coirier, président-directeur général de Poujoulat, lors d'une visite presse organisée en novembre 2025 sur les sites vosgiens de sa filiale Euro Énergies.
Même si la mortalité des arbres est, parallèlement, en forte hausse sous l'effet du changement climatique, qui perturbe leurs conditions de vie et favorise les nuisibles, précise l'IFN. Cette visite a été l'occasion de faire le point sur le chemin que suit le bois-énergie, depuis la forêt jusque dans les foyers français.
À l'origine du bois-énergie, la forêt
Pour obtenir sa matière première, Euro Énergies s'approvisionne chez les propriétaires privés (qui détiennent les trois quarts de la forêt française) ainsi que dans les forêts publiques. À Luxeuil-les-Bains, la forêt domaniale est gérée par l'Office national des forêts (ONF).
Ses agents décident quels arbres doivent être abattus afin d'assurer la gestion durable du massif. Ceux de plus de 40 cm de diamètre sont dédiés au bois d'œuvre, les plus petits au bois de chauffage.
Ces arbres sont vendus selon trois voies. En régie – il s'agit du bois disposé au bord de la route –, sur pied via des enchères, ou déjà coupé, selon des prix fixés par négociations dans un contrat. C'est par cette dernière méthode qu'Euro Énergies achète son bois.

Arbre marqué pour la découpe, dans la forêt domaniale de Luxeuil-les-Bains. © Manon Salé pour XPair
Cap sur la production de pellets
Une fois les arbres récupérés, ils sont envoyés dans les différents sites industriels du réseau Euro Énergies. Comme la scierie Germain Mougenot, à Saulxures-sur-Moselotte, qui travaille en partenariat avec le groupe. Elle y écorce les grumes et les scie pour faire du bois d'œuvre. Son rayon d'approvisionnement est de 150 kilomètres autour du site.
Les chutes sont ensuite récupérées par l'entreprise Lorraine Pellets, installée en 2021 sur le même site et qui produit 75.000 tonnes de granulés par an. Quatre-vingt-dix pour cent du bois utilisé par la société, uniquement issu de résineux, provient ainsi de la scierie. Il est broyé, séché puis transformé en granulés. Il sera ensuite vendu en sac à 70 %, le reste en vrac.

Sacs de pellets de l'entreprise Lorraine Pellets. © Manon Salé pour XPair
Du bois à la bûche
Euro Énergies s'appuie également sur un réseau de sites spécialisés dans la production de bûches et de bois d'allumage. Située à Demangevelle, Bois Factory 70 (BF 70) vend l'intégralité de sa production au groupe.
Sur les sites industriels, des chaudières en autoconsommation Que ce soit à Lorraine Pellets ou à BF 70, les chutes de bois servent, au-delà de la production de bois-énergie, à alimenter les chaudières des sites, utilisées pour le séchage du bois. L'usine de BF 70 est ainsi autosuffisante à 90 % sur cette étape. Du côté de Lorraine Pellets, 90 % des besoins de la chaudière sont alimentés par les écorces de la scierie Germain Mougenot. L'entreprise complète avec du bois de palette pendant la saison froide, quand les besoins sont plus importants.
Cette ancienne filature réhabilitée, en fonctionnement depuis 2020, vise 110.000 tonnes d'entrée de bois pour une production de 130.000 à 140.000 stères de bois bûches, ainsi que 10.000 tonnes de bûches condensées. Elle fabrique également du bois d'allumage.
Bois Factory 70 s'approvisionne à maximum 70 kilomètres autour du site, 30 % du bois provenant de forêts gérées par l'ONF. Une fois le bois reçu, il est écorcé, découpé en bûches, séché, stocké puis conditionné. Les chutes sont transférées dans un bâtiment dédié à la production et au conditionnement de bûches condensées. Une fois les matériaux prêts, ils sont ensuite expédiés selon la demande.

Bûches de bois dans un séchoir de la société BF 70. © Manon Salé pour XPair
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