Pourquoi le béton de bois prétend avoir sa place dans la décarbonation du bâtiment

Livrer 50.000 m² de murs en béton de bois en 2025 : c'est l'objectif que s'est fixé Spurgin Leonhart, spécialiste de la fabrication de prémurs. Sa nouvelle usine, qui a été inaugurée en juin 2024 à Mignières (Eure-et-Loir), près de Chartres, et dans laquelle le groupe a investi 13 millions d'euros, a connu une montée en puissance rapide.

L'industriel, dont c’est la huitième usine, précise avoir mis seulement un mois et demi pour assurer la mise au point des différentes séquences de fabrication. Cet outil de production lui permet de proposer une gamme complète de produits en béton de bois à la fois industrialisée et sur-mesure.

Une offre censée par ailleurs répondre pleinement aux impératifs de décarbonation du secteur et à la RE2020. L’entreprise revendique pour ses façades autoportantes et ses murs porteurs un bilan carbone négatif. Ainsi, il atteindrait  -11,4 kg CO2 éq/m2 pour le mur en 24 cm d’épaisseur, et -17,1 kg CO2 éq/m2 pour le mur de 30 cm d’épaisseur.

Un déphasage thermique supérieur à 17 heures en 30 cm d’épaisseur

Le procédé utilisé pour réaliser le béton de bois (sous licence CCB Greentech) consiste à mélanger à l’eau et au ciment des agrégats de bois issus de la trituration, autrement dit des troncs non exploitables par des scieries, à raison de 400 kg de bois/m3 de béton. Ce processus de fabrication repose donc sur un matériau renouvelable qui ne requiert pas de cuisson à la différence du ciment, et est en outre capable de stocker le carbone. 

Les murs en béton de bois, qui comptent jusqu’à 55 kg de produits biosourcés au mètre carré, sont coulés en une fois en adjoignant un granulat de bois "additivé" pour obtenir la compacité nécessaire. Ce faisant, le mur offre une résistance mécanique de l’ordre de 4 MpA, l’équivalent des blocs de béton de type parpaing. Autre atout, le confort d’été, avec un déphasage thermique supérieur à 17 heures en 30 cm d’épaisseur.

"Nos prémurs bois ne génèrent aucun déchet puisqu’il n’y a notamment pas de coffrage."

Spurgin compte livrer 50.000 m² de murs en béton de bois en 2025, sachant que sa capacité de production totale atteint les 300.000 m². Elle a d'ailleurs remporté deux succès commerciaux.

L’entreprise a été retenue par un consortium alliant GCC et Léon Grosse pour la livraison de 6.000 m² de sa solution préfabriquée sur le chantier de la future cité scolaire de Sartrouville (Yvelines), qui répondra notamment aux labels et certification E3C1, niveau 3 biosourcé, HQE et RE2020. En outre, l’entreprise a livré 8.000 m² de panneaux préfabriqués à Bouygues Construction pour l’édification du nouvel hôpital psychiatrique de Tours (Indre-et-Loire), premier projet de santé labellisé BBCA.

Le mur en béton de bois offre une résistance mécanique de l’ordre de 4 MpA, l’équivalent des blocs de béton de type parpaing. © Spurgin-Leonhart

Jusqu’à 55 kg de produits biosourcés au mètre carré

"Nos produits sont préfabriqués sur-mesure, ce qui apporte un important gain de temps : ils sont faciles à mettre en œuvre puisqu’ils pèsent 240 kg/m2 et peuvent être manipulés sans difficulté par des entreprises de gros œuvre classique", explique Damien Guesnier, le directeur de la communication.

"La préfabrication permet de réduire les manipulations sur les chantiers, et donc de renforcer la sécurité, tout en réduisant sensiblement les nuisances sonores pour les riverains. Et nos prémurs bois ne génèrent aucun déchet puisqu’il n’y a notamment pas de coffrage."

La mise en œuvre de ces murs préfabriqués livrés directement sur des racks est en outre beaucoup plus rapide que les murs en brique ou en maçonnerie traditionnelle. Un rez-de-chaussée de 180 m² peut être réalisé en une demi-journée, avant d’assurer ensuite le coulage du chaînage béton.