Régulation : plus que 20 mois pour respecter le "décret thermostat"

Ce n’est pas comme si la filière n’avait pas eu le temps de se préparer. Les deux textes qui organisent l’obligation de la régulation du chauffage et du rafraîchissement pièce par pièce datent de 2023. Il s’agit du décret n°2023-444 du 7 juin 2023, relatif aux systèmes de régulation de la température des systèmes de chauffage et de refroidissement ainsi qu'au calorifugeage des réseaux de distribution de chaleur et de froid, et de l’arrêté du 8 juin 2023.
Cette obligation s’applique à tout bâtiment ou partie de bâtiment à usage d’habitation, ou à tout bâtiment ou partie de bâtiment dans lequel sont exercées des activités tertiaires marchandes ou non marchandes, y compris celui appartenant à une personne physique ou morale du secteur primaire ou secondaire. Autrement dit : les logements collectifs et le tertiaire, mais pas la maison individuelle.
De plus, l’exigence ne s’impose à ces bâtiments seulement si elle est techniquement ou économiquement réalisable. L’arrêté précise même : "Ces obligations ne s’imposent également pas aux installations de chauffage ou de refroidissement des locaux pour lesquels le propriétaire produit une étude établissant que l’installation d’un système de régulation locale de la température respectant les exigences mentionnées à l’article R. 241-31-1 du Code de l’énergie n’est pas réalisable avec un temps de retour sur investissement inférieur à dix ans".
(Toutes photos crédit Pascal Poggi pour XPair, sauf mention contraire)
Des CEE pour financer ces équipements
Il n’existe plus beaucoup d’aides financières pour installer les équipements nécessaires. Le "Coup de pouce pilotage connecté du chauffage pièce par pièce", mis en place le 1ᵉʳ décembre 2023, a été suspendu le 21 novembre 2024, avant de faire son retour le 10 juin 2025 avec une version révisée. Mais les professionnels restent sur leur faim.
Il reste la fiche CEE BAR-TH-173 "Système de régulation par programmation horaire pièce par pièce", qui propose un montant de kWh cumac différent selon les zones climatiques H1, H2 et H3, et modifie ces montants selon sept "facteurs correctifs", dont la valeur varie de 0,3 pour un local d’une surface inférieure à 30 m², à 1,6 pour un local dont la surface dépasse 130 m².
On peut aussi utiliser la fiche CEE BAT-TH-108 "Système de régulation par programmation d’intermittence" pour aider au financement du thermostat centralisé, ainsi que la fiche BAR-TH-117 "Robinet thermostatique".
Quels équipements ?
À propos de la régulation du rafraîchissement par pièce, trois configurations différentes se présentent. Premièrement, tous les climatiseurs monosplit, multisplit et DRV (débit de réfrigérant variable) offrent sur leurs unités intérieures un automatisme de commande pour la régulation et la programmation. Cet automatisme est réglable, soit de manière centralisée, soit par une télécommande pour chaque unité intérieure. Tout cela est conforme aux exigences des deux textes réglementaires.
Viennent ensuite les installations de ventilo-convecteurs, de poutres froides ou de plafonds chauffants-rafraîchissants. Il faut que leurs robinets ou leurs régulateurs embarqués - relativement complexes et coûteux s’il s’agit de robinets 4 voies pour des installations pouvant fonctionner simultanément en chauffage et en rafraîchissement, plus simples s’il s’agit d’installations à 2 voies et "change-over" qui fonctionnent soit en chauffage, soit en rafraîchissement - soient équipés de têtes ou de régulateurs individuels à télécommande radio, ou soient raccordés à une GTB par un bus de terrain qui permettra un pilotage individuel.
Si un logement est équipé d’un plancher ou d’un plafond chauffant-rafraîchissant, le seul moyen de se conformer aux textes est de poser des robinets motorisés, raccordés à un thermostat centralisé par le biais d’un bus de terrain, en place des robinets d’équilibrage et d’arrêt sur les nourrices qui alimentent chaque boucle du plancher ou du plafond. Les marques de nourrices – Heimaier, Giacomini, Rehau, Rothe, … - en proposent.
Sur le marché français, Caleffi, Comap, Danfoss, Eurotronic Technology GMBH, Fibaro, Giacomini, Heimeier, Legrand-Netatmo, Oventrop, Resideo (Honeywell) et Tado, ainsi que le français DomPilot, proposent des solutions rassemblant thermostat centralisé et têtes thermostatiques radio motorisées.
Très simple pour des radiateurs
Les deux premières configurations se ramènent au même schéma hydraulique : une boucle horizontale dans le logement. En tertiaire, on retrouve des radiateurs alimentés par une boucle horizontale, généralement une ou deux boucles par étage, ainsi que le schéma d’un radiateur par colonne à chaque niveau dans les bâtiments les plus anciens.
Qu’à cela ne tienne, pour équiper ces trois configurations, le plus simple consiste à déployer un thermostat programmable centralisé, connecté par radio à des têtes de robinets thermostatiques motorisées. Le thermostat envoie des ordres à chaque tête en fonction de sa programmation, des températures ambiantes détectées, des températures extérieures s’il est connecté à une sonde extérieure.
Si plusieurs radiateurs équipent une même pièce, les thermostats centralisés permettent d’appairer leurs têtes thermostatiques pour les commander comme s’il s’agissait d’une seule tête thermostatique. Ce qui, en tertiaire par exemple, permet de créer des zones en fonction de leur orientation, de leur occupation, de l’affectation des locaux, etc.
Le français NodOn offre des têtes radio motorisées...
... connectées en ZigBee 3.2 à un thermostat programmable centralisé.
Siemens propose également des têtes thermostatiques radio motorisées. Elles sont raccordables aux protocoles KNX, BacNet ou ZigBee.
Têtes thermostatiques radio motorisées, avec ou sans piles
À propos de ces têtes thermostatiques motorisées commandées par radio, deux techniques d’alimentation existent : piles ou récolte d’énergie. Côté piles, deux piles AA fournissent assez d’énergie pour une bonne année de fonctionnement dans la plupart des cas. Pour se passer de piles, il faut que la tête thermostatique fasse appel au bus de terrain enOcean.
Grâce à l’effet Seebeck qui exploite le ΔT entre la température de l’eau dans le réseau de chauffage et la température ambiante dans la pièce, ces têtes génèrent elles-mêmes l’énergie nécessaire à la communication radio en protocole enOcean vers un thermostat programmable compatible enOcean, raccordé au secteur.
Ce thermostat agit comme passerelle WiFi vers la box Internet du logement, qui pousse les données vers le Web et rend possible la commande par une application sur smartphone. Sur le marché français, Micropelt et Kieback & Peter proposent des têtes radio motorisées, sans fil et sans pile grâce à enOcean. Ubiwizz commercialise un système à base de têtes Kieback & Peter sans fil et sans piles.
Pour le tertiaire, outre Siemens, Wago propose à la fois des têtes radio motorisées...
... et de multiples passerelles pour les connecter à toutes sortes de GTB et de protocoles de communication.
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