Pas de décarbonation "sans une alliance entre l’électron et la molécule", d'après Catherine MacGregor (Engie)

Par   Corentin PATRIGEON

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Publié le 25 septembre 2025
© Compte X de France Gaz
Catherine MacGregor, directrice générale d'Engie, lors du congrès France Gaz le 25 septembre 2025 à Paris.
DÉCRYPTAGE. Tout en rappelant le rôle que les gaziers entendent jouer dans la transition énergétique, la directrice générale d'Engie a interpellé la filière sur les chantiers à lancer pour maintenir la compétitivité des molécules "vertes" dans un contexte d'électrification des usages.

"Nous pensons que le gaz a toute sa place dans l’ambition d'atteindre la neutralité carbone à horizon 2050." Les mots de Catherine MacGregor, la directrice générale d'Engie, lors du congrès de l'association France Gaz organisé ce 25 septembre 2025 à Paris, sonnent comme un énième rappel du rôle que les gaziers veulent jouer dans la transition énergétique, en dépit du fait que l'électron ait davantage la cote auprès des pouvoirs publics.

Mais "sans une alliance entre l’électron et la molécule, nous ne parviendrons pas à décarboner et à rendre notre réseau compétitif", a poursuivi la responsable. Le bouquet énergétique n'aurait donc aucun intérêt à exclure les molécules, a fortiori d'origine renouvelable, véritables "moteur de croissance" pour la filière.

Chiffres à l'appui : "Le mardi 14 janvier 2025, entre 8 h et 9 h, la puissance appelée en France était de 96 gigawatts pour l’électricité et 123 GW pour le gaz. La réalité aujourd’hui, c’est donc que le gaz a une place incontournable dans notre système énergétique."

Les infrastructures sont déjà là, l'industrialisation pas encore

Si l'industrie gazière ne remet donc pas en cause l'électrification des usages, elle souligne néanmoins que tous les secteurs d'activité ne pourront pas s'électrifier, et que le système énergétique mondial devrait éviter de "surdévelopper" les infrastructures s'il veut tenir le choc de la demande. Autrement dit, il faudra encore, et probablement pour longtemps, composer avec le gaz.

"Transformable, transportable, stockable", ce dernier pourrait par ailleurs bénéficier d'un "potentiel de biométhane considérable" dans l'Hexagone, afin de "nous protéger des risques de fluctuations d'approvisionnement et de coût". Attention cependant à ne pas crier victoire trop vite : "On va avoir besoin de beaucoup d’innovations technologiques pour développer les gaz verts, dont certaines ne sont pas encore industrialisées et font face à des enjeux économiques", reconnaît la patronne d'Engie.

Certes, ces molécules "vertes" ont le mérite de pouvoir être transportées dans des infrastructures qui existent déjà. Un détail qui peut avoir son importance au vu des investissements faramineux qu'appellent la transition énergétique. Mais c'est aussi du côté des pouvoirs publics et de la réglementation que les gaziers attendent un coup de pouce, voire une reconnaissance.

"Il faut absolument promouvoir les systèmes hybrides"

"On a aussi besoin d’un cadre favorable pour développer ces filières d’avenir. Il faut absolument promouvoir les systèmes hybrides qui ont un rôle écologique et économique", renchérit Catherine MacGregor. Et d'en appeler à ses collègues pour réaliser "les adaptations qui s’imposent pour maintenir un coût de l’infrastructure le plus abordable possible".

Pour espérer être compétitive, la transition du gaz semble en effet devoir miser sur des innovations. Elles sont déjà nombreuses à être au rendez-vous, mais tout autant à rencontrer des obstacles sur leur chemin. Catherine MacGregor en est malgré tout convaincue : "C’est la combinaison entre l’électricité et le gaz décarbonés qui permettra la compétitivité du système énergétique, en réconciliant les enjeux nationaux, voire européens, et locaux".


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