Réchauffement climatique : ces acteurs veulent préparer les villes à une température de 50°C

Par   Corentin PATRIGEON

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Publié le 17 avril 2025
Crédit photo Nos villes à 50°C
Le collectif "Nos villes à 50°C" rassemble de nombreux acteurs du bâtiment, de l'immobilier, de l'ingénierie et de l'énergie.
ADAPTATION. Le collectif "Nos villes à 50°C", qui rassemble maîtres d'ouvrage, collectivités et bureaux d'études, veut anticiper le réchauffement climatique en changeant de "culture immobilière, technique et architecturale" dès aujourd'hui. Les premières réflexions et actions sont lancées.

Comment imaginer le milieu urbain avec un mercure frôlant les 50°C ? C'est à cette tâche difficile que va s'atteler le collectif "Nos villes à 50°C", qui a officiellement lancé ses travaux en ce mois d'avril 2025 à Paris. Cofondé par Seqens et le Groupe CDC Habitat, en coordination avec A4MT et avec le soutien d'Action Logement et de l'Université de la Ville de Demain, il rassemble de nombreux acteurs de la construction, de l'immobilier, de l'ingénierie et de l'énergie.

Pour l'heure, en sont membres Acorus, Altarea, Bouygues Immobilier, l'Epa Marne, GA Smart Building, Icade, Immobilière 3F, la Ville de Paris, Vinci Immobilier, la RIVP et Seqens Solidarités. Côté expertise, se sont joints à la démarche Béchu & Associés, Carbone 4, Martin Duplantier Architectes, le Cerema (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement), LexCity Avocats, Pouget Consultants, l'Université Gustave Eiffel, l'Ifpeb (Institut français pour la performance du bâtiment), l'OID (Observatoire de l'immobilier durable) et le Cibi (Conseil international biodiversité et immobilier).

Autant d'acteurs publics et privés qui partagent un même objectif : anticiper dès aujourd'hui le réchauffement climatique en adaptant les politiques d'aménagement et d'urbanisme et en "systématisant un réflexe d'adaptation dans tout acte de construire ou de rénover", indique un communiqué du collectif. Celui-ci ambitionne d'ores et déjà de préparer à une température de 50°C 10% des logements français et 30 millions de mètres carrés de bâtiments tertiaires dans l'Hexagone d'ici à 2030.

Réinterroger toutes les pratiques

"Pour préparer nos territoires à +4°C et donc à des aléas plus fréquents (canicules, inondations, retrait-gonflement des argiles), il est essentiel d'adapter l'ensemble du parc bâti et leur environnement. Dans un contexte de demande croissante en logement et dans la mesure où l'essentiel des logements de 2100 existent déjà (1% de renouvellement du parc chaque année), il s'agit collectivement d'agir dès à présent pour préserver la qualité d'usage et du cadre de vie", affirme le directeur général du Cerema, Pascal Berteaud.

Toutes les pratiques devraient donc être réinterrogées par le collectif, de la conception à l'exploitation des bâtiments. Les premières pistes de réflexion avancées s'intéresseront par exemple à l'intégration systématique de solutions d'occultation et de protections solaires lors de chantiers de rénovation, à la généralisation de la ventilation nocturne dans une logique d'optimisation du confort thermique, ou encore à la prise en compte du confort d'été pour éviter un "effet thermos".

Pour les acteurs de "Nos vills à 50°C", "ces exemples illustrent l'impérieux changement de culture immobilière, technique et architecturale pour adopter un réflexe systématique d'adaptation et favoriser des solutions bioclimatiques et fondées sur les usages de la nature".

Mise en place de référentiels "simples et partagés"

Les bureaux d'études auront évidemment leur pierre à apporter à l'édifice. "Il est impératif d'adapter nos bâtiments aux vagues de chaleur", confirme Charles Arquin, responsable du pôle rénovation et associé chez Pouget Consultants. "Face à cette urgence, le seul moyen de déployer massivement nos actions est l'expérimentation collective et la mise en place de référentiels simples et partagés."

Ce qui impliquera de s'organiser, de dénicher des investissements et d'élaborer des mécanismes de financement ainsi que des dispositifs de soutien. Pour ce faire, le collectif va proposer un accompagnement opérationnel de ses membres engagés dans des opérations d'adaptation, et organiser des ateliers spécifiques. Une communauté de spécialistes devrait également voir le jour "afin de coordonner les acteurs de l'ensemble de la chaîne de valeur et de répondre de manière pertinente aux attentes des membres du collectif".

Enfin, des outils d'aide à la décision seront progressivement mis à leur disposition, parmi lesquels une méthode commune d'évaluation du confort d'été - qui reste encore à définir - ainsi qu'un "outil simplifié et pragmatique d'évaluation" de ce même confort d'été. Le collectif envisage aussi de nouer "des synergies, voire des partenariats avec les acteurs proposant les solutions plébiscitées par les maîtres d'ouvrage participant au collectif".


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