"L’essor de l’IA va induire une forte hausse des besoins en énergie", F. Rouet (Sycabel)

Par   Corentin PATRIGEON

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Publié le 23 juillet 2025
© Sycabel
Francis Rouet, délégué général adjoint du Sycabel.
CONJONCTURE. L'activité des fabricants de fils et de câbles électriques et de communication est ballottée entre l'essor de la transition énergétique et des nouveaux usages numériques d'un côté, et la morosité du bâtiment de l'autre. Le secteur espère que son horizon se dégagera dans les prochains mois.

L'année 2024 aura été contrastée pour les fabricants de fils et de câbles électriques et de communication. Le syndicat Sycabel, qui réunit 22 adhérents parmi lesquels des grands groupes internationaux comme Nexans et des ETI comme Sicame, fait état d'un chiffre d'affaires cumulé de 3,5 milliards d'euros, en baisse de 3,7%.

Si la transition énergétique contribue à renforcer les réseaux de transport et de distribution d'énergie, la fin du déploiement de la fibre optique contribue en revanche à fragiliser les réseaux télécoms. Le secteur du bâtiment affiche pour sa part une "forte morosité", malgré des "avancées significatives" dans le domaine de la sécurité incendie, avec la prise en compte des euroclasses dans des textes réglementaires et normatifs.

La mise en application de la nouvelle norme NF C 15-100 devrait ainsi permettre à l'industrie des câbles de bénéficier de l'application du Règlement européen sur les produits de construction (RPC). L'année 2025 marquera aussi la mise en œuvre de l'arrêté du 23 mai 2024 sur les établissements recevant du public (ERP) et les immeubles de grande hauteur (IGH).

Essor de l'IA et des centres de données

Les enjeux du secteur ne manquent donc pas : "La transition énergétique qui s’affirme notamment sur la haute tension ; le renouvellement du réseau électrique, performant mais vieillissant ; les bâtiments intelligents, malgré la baisse d'activité de la baisse tension due à la crise de la construction ; le marché des data centers que nous surveillons", liste le délégué général adjoint du Sycabel, Francis Rouet, auprès d'XPair. "L’essor de l’IA va induire une forte hausse des besoins en énergie et télécoms, ce qui nous concerne pour l'alimentation énergétique et le câblage interne des centres de données, même si nous n'avons pas encore de vision nette sur le sujet", insiste le responsable.

Dans le détail des produits, les câbles d'énergie (transport et distribution) représentent 16% des ventes des adhérents du syndicat, en forte hausse par rapport à 2023. À l'inverse, les câbles de communication continuent à chuter et ne pèsent plus que 15% du CA de la filière. Les câbles pour l'industrie et la construction se stabilisent autour de 27%, quand les matériels de raccordement pour l'énergie et les télécoms atteignent désormais les 11%.

En volumes, la production globale de câbles (hors câbles sous-marins et câbles à fibre optique) stagne autour des 300.000 tonnes. Dans l'énergie, les ventes de câbles bondissent de 12%, en France comme à l'export. Le marché des câbles à fibre optique, fibres multimode et monomode combinées s'envole de plus de 50%, porté par d'excellentes ventes à l'international. Les câbles à paires torsadées destinés aux installations tertiaires et industrielles, pour leur part, se stabilisent depuis maintenant deux ans.

Espoir pour les ENR, malgré des doutes sur le photovoltaïque

Pour les prochains mois, les industriels du secteur attendent toujours - et ils ne sont pas les seuls - la publication de la troisième version de la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE). "Pour le reste, nous nous attendons à ce que la haute tension B et la moyenne tension continuent à se développer pour les grands projets d’énergies renouvelables. Tous les systèmes énergétiques ont besoin d’être raccordés et nous nous sommes calés sur le schéma directeur élaboré par RTE, qui réaffirme la nécessité d'avoir un mix énergétique", souligne Francis Rouet.

Le Sycabel s'interroge cependant sur les petites centrales photovoltaïques, étant donné que la révision du S21 a tendance à flécher dorénavant l'activité vers des installations plus importantes. Quoi qu'il en soit, le début d'année 2025 devrait encore être synonyme de ralentissement d'activité pour les adhérents du syndicat, dont l'activité est en décalage par rapport à la conjoncture générale.

Pas d’inquiétude pour autant, sauf au sujet du manque de bras, la filière étant elle aussi confrontée à une pénurie de main-d'œuvre. "Le nombre de bras dont on aura besoin dépendra du montant des investissements qu’on débloquera, car notre activité est plus capitalistique et pas nécessairement consommatrice de main-d’œuvre. Nos investissements sont lourds, c’est pourquoi nous avons besoin d’une visibilité à dix ans."

Dans ce contexte, le Sycabel surveille avec intérêt les dernières prévisions de la Fédération française du bâtiment (FFB), qui tablent sur une dégringolade moins grave que prévu pour le logement neuf (-6,8% au lieu de -14,6%) et le non résidentiel (-8,4% au lieu de -15%). Il espère aussi beaucoup de la création de l'association Fiere (Filière industrielle des entreprises des réseaux électriques), censée apporter sa pierre à l'édifice de l'électrification des usages.


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