Nouvelles installations, production : ce qu'il faut retenir du Fonds chaleur pour 2024

Par   Corentin PATRIGEON

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Publié le 23 juillet 2025
© iStock/fotofjodor
Illustration d'une chaufferie biomasse.
ANALYSE. Le dispositif piloté par l'Ademe dresse son bilan de l'année dernière et rappelle ses priorités pour l'année en cours. L'exécutif tente de stabiliser ses financements alors que les comptes publics sont dans le rouge.

Petit à petit, la chaleur renouvelable progresse en France. Les besoins en chaleur, qui représentent 43% de la consommation d'énergie en France, sont encore majoritairement couverts par des combustibles fossiles importés (gaz, fioul, charbon), bien que la part de chaleur renouvelable et de récupération augmente d'année en année : de 24% en 2021, elle est passée à 27,2% en 2022, puis 29,6% en 2023.

Pour mémoire, la loi de transition énergétique pour la croissance verte fixe un objectif de 38% en 2030. "Toutes les énergies décarbonées, et notamment la chaleur renouvelable, contribuent à réduire notre dépendance aux énergies fossiles importées. Dans ce cadre, la géothermie ou la récupération de la chaleur fatale industrielle sont des leviers efficaces à amplifier", a commenté pour l'occasion le ministre de l'Industrie et de l'Énergie, Marc Ferracci.

Dans son bilan 2024 du Fonds chaleur, l'Ademe (Agence de la transition écologique) affirme que les aides attribuées aux entreprises et collectivités au cours de l'année dernière ont servi à financer 1.350 nouvelles installations produisant 3,6 térawattheures. "Ce nombre important d'installations reflète la montée en puissance des contrats chaleur renouvelable accompagnant de nombreux projets de petite taille, principalement à partir de biomasse, mais avec en 2024 une forte croissance des projets de géothermie", précise l'agence.

Plus de 4.500 km de réseaux de chaleur aidés depuis 2009

Sans oublier le soutien apporté par le plan d'investissement France 2030 et les diverses aides à la planification écologique à destination des industriels - autant d'installations dont la production devrait atteindre les 5,6 TWh/an.

Les chiffres sont encore plus éloquents sur le long terme : toujours d'après l'Ademe, le Fonds chaleur a aidé quelque 10.000 installations d'ENR&R depuis 2009, dont 4.550 km de réseaux de distribution de chaleur bénéficiant de 5,1 milliards d'euros d'aides et ayant généré 16 milliards d'euros d'investissements.

"Cela représente près de 50 TWh/an de production additionnelle d'ENR&R, équivalent de la consommation de chaleur d'environ 5 millions de logements, et environ 2,5 milliards d'euros par an d'économie sur la balance commerciale (en comparaison du gaz qu'il aurait fallu importer pour produire cette chaleur en l'absence de ces projets - sous l'hypothèse d'un prix du gaz de 50 €/MWh)", indique un communiqué de l'agence.

Source : Fonds chaleur - Ademe

Le solaire thermique en queue de peloton des aides à l'investissement

Côté financements, le Fonds chaleur a pu compter sur une enveloppe de 820 millions d'euros en 2024, déjà en hausse de 36% par rapport à 2023, et qui a été maintenu à 800 millions en 2025. La totalité du budget a été consommée l'an dernier, principalement pour subventionner des investissements (701,5 M€) et financer des études, de l'animation, le fonds de garantie géothermie ou encore un dispositif de prêts bonifiés pour les logements sociaux, en partenariat avec la Banque des territoires.

Jugeant le dispositif "particulièrement performant", la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher estime qu'il permet "très concrètement aux élus locaux et aux entreprises d'avoir accès à des solutions compétitives de chauffage ou de refroidissement bas-carbone".

Dans le rapport, on peut aussi lire que "les réseaux de distribution de chaleur, maillon essentiel du développement de la chaleur renouvelable, représentent l'un des premiers postes du budget" des aides à l'investissement "avec 218,7 M€, ayant permis de financer 384 km de réseaux".

Suivent les chaufferies biomasse (328,2 M€), les installations géothermiques profondes et de surface (110,9 M€), les équipements de valorisation du biogaz par injection au réseau (20,8 M€), ceux pour la récupération de la chaleur fatale (13,4 M€) et le solaire thermique (9,4 M€). Le graphique ci-dessous illustre la contribution de chaque source à la production de chaleur R&R.

Source : Fonds chaleur - Ademe

Bientôt un plan de développement du solaire thermique

En moyenne, 51 € d'aide provenant du Fonds chaleur aurait permis d'éviter une tonne de CO2 en 2024, toujours selon l'Ademe. En 2025, les pouvoirs publics ont voulu mettre l'accent sur les ENR&R, la diversification de l'approvisionnement en biomasse et la géothermie, profonde comme de surface.

Un plan de développement du solaire thermique devrait également voir le jour cette année, en complément de la relance de l'appel à projets "Grandes installations solaires thermiques" essentiellement destiné à l'industrie et aux réseaux de chaleur.


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