"La pénurie de ventilistes ralentit la transition énergétique et sanitaire", selon Julien Bodin (MVN)

Par   Yousra GOUJA

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Publié le 14 novembre 2025
© MVN
Julien Bodin, co-gérant de MVN.
MÉTIERS. Souvent ignorée, la qualité de l'air intérieur conditionne pourtant notre santé ainsi que la performance énergétique des bâtiments. Julien Bodin, co-gérant de MVN, spécialiste de la ventilation mécanique basse pression, plaide pour la reconnaissance et la formation du métier de ventiliste, chaînon selon lui essentiel d’un bâtiment sain.

XPair : Pourquoi la ventilation doit-elle aujourd’hui être considérée comme un enjeu de santé publique au même titre que le chauffage ou l’isolation ?

Julien Bodin : Chaque année en France, près de 40.000 décès sont attribuables à l’exposition aux particules fines, souvent présentes dans l’air intérieur. Le coût de cette mauvaise qualité de l’air est estimé à 19 milliards d’euros par an, entre les impacts sur la santé, l’absentéisme et la perte de productivité. On recense plus de 170 polluants différents dans les logements, et 70 % dépassent les seuils recommandés pour les particules fines.

Une ventilation maîtrisée 100 % du temps, c’est ce qui permet de renouveler l’air, d’évacuer l’humidité, les polluants, les moisissures et les agents infectieux. Pour agir, MVN a été à l’origine d’un procédé qui était inédit dans le secteur : la ventilation mécanique basse pression (VMBP), une technologie à fonctionnement permanent, très économe en énergie. Cette technologie en continu est d’autant plus pertinente que les usages au sein des logements ont profondément changé depuis ces dernières années (télétravail, taux d’occupation...).

"Ventiliste est un métier exigeant, qui demande à la fois une solide base technique et une vraie compréhension des enjeux réglementaires."

En quoi le métier de ventiliste est-il indispensable à la filière bâtiment, et pourquoi reste-t-il encore peu connu ?

J. B. : Le ventiliste est un métier rare, complet et essentiel. En France, on compte environ 45.000 entreprises dans la climatisation, le chauffage et la ventilation, mais seule une minorité possède une vraie expertise en aéraulique. Il faut comprendre les débits d’air, les pressions, l’électricité, la thermique, la réglementation, et surtout savoir équilibrer un réseau. Ce n’est pas juste poser des bouches, c’est concevoir un système cohérent qui fonctionne dans la réalité. Le ventiliste, c’est celui qui garantit que l’air circule bien, que les débits sont corrects, que le système protège les occupants.

Quelles compétences techniques et réglementaires sont désormais indispensables pour exercer ce métier, notamment avec la montée des enjeux sanitaires et énergétiques ?

J. B. : C’est un métier exigeant, qui demande à la fois une solide base technique et une vraie compréhension des enjeux réglementaires. Il faut maîtriser l’aéraulique, les pressions, les débits, la mise en service, le diagnostic des réseaux.

Selon le domaine d’emploi (neuf ou rénovation), il faut aussi connaître un minimum la Réglementation environnementale 2020, la PEB (performance énergétique des bâtiments), les DTU (documents techniques unifiés), les recommandations de l'AQC (Agence Qualité Construction), etc. C’est aussi un métier de terrain, qui impose de savoir mesurer, équilibrer, ajuster, vérifier... La théorie ne suffit pas, il faut de la rigueur, de la précision et une vraie culture de la qualité.

La France manque-t-elle aujourd’hui de professionnels formés à la ventilation ?

J. B. : Oui, la pénurie est réelle. Le manque de professionnels formés ralentit la transition énergétique et sanitaire. Aujourd’hui, la ventilation est souvent abordée comme un module complémentaire à la fin d’un cursus de chauffagiste ou d’électricien. Quelques formations qualifiantes existent, comme le titre professionnel Technicien de maintenance chauffage-ventilation ou le CQP (certificat de qualification professionnelle) installateur-mainteneur en ventilation.

Mais certains centres ne forment que 30 alternants par an. Pourtant, 100 % des jeunes diplômés dans ces cursus trouvent un emploi dans les sept mois. Avec notre centre de formation MVN, nous sommes parvenus à former plus de 325 professionnels à la VMBP dans 86 sociétés différentes. Aujourd’hui encore, un immeuble sur quatre expose ses occupants à des risques respiratoires par manque de renouvellement d’air.


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