L'Europe fait figure de bonne élève dans la transition des fluides frigorigènes, estime un rapport
L'Europe est en passe d'atteindre ses objectifs en matière d'élimination des hydrofluorocarbures. L'Agence européenne de l'environnement (EEA), qui vient de publier son rapport annuel sur les gaz fluorés, indique en effet que les émissions de gaz à effet de serre fluorés ont reculé d'environ 38 % entre 2014, année où elles ont atteint un pic, et 2023. Une baisse largement attribuable à l'arrêt progressif des hydrofluorocarbures (HFC) prévu par le règlement européen F-Gaz dans l'optique de lutter contre le réchauffement climatique, les HFC représentant la majorité des émissions de gaz fluorés, aux côtés des perfluorocarbures (PFC), de l'hexafluorure de soufre (SF6) et du trifluorure d'azote (NF3).
Le secteur du CVC est évidemment en première ligne de l'application du F-Gaz dans la mesure où les gaz fluorés sont principalement utilisés dans les applications de chauffage et de climatisation. "Entre 1990 et 2014, les émissions de gaz fluorés de l'UE ont augmenté d'environ 70 % et représentaient environ 3 % des émissions totales de gaz à effet de serre (GES)", rappelle l'EEA, qui précise que cette hausse est "principalement due au remplacement des hydrochlorofluorocarbones (HCFC), des substances appauvrissant la couche d'ozone, par des HFC dans le secteur du froid, de la climatisation et des pompes à chaleur, ainsi qu'à la croissance globale de ce secteur".
Les choses sont toutefois en train de changer. Le règlement F-Gaz, révisé en 2024, embarque un certain nombre de mesures censément contribuer à la décarbonation du Vieux Continent, telles que l'amélioration de l'étanchéité des équipements ou le plafonnement des ventes d'HFC sur le marché communautaire via un système de quotas, qui doit inciter à plutôt recourir à des gaz à faible PRG (potentiel de réchauffement global). L'élimination progressive des HFC d'ici à 2050 devrait logiquement engendrer une baisse drastique de leur utilisation, et partant, des émissions qui y sont liées, sachant que ces derniers représentaient encore 91 % des émissions de gaz fluorés en 2023.
Dans les clous du Protocole de Montréal
Depuis 2017, l'industrie du génie climatique est elle aussi concernée par les quotas qui s'appliquent aux HFC contenus dans les équipements de réfrigération et de climatisation, ainsi que dans les pompes à chaleur importés. D'après le rapport, "les quantités maximales de quotas devraient diminuer progressivement de 2015 à 2050", si bien que la quantité d'HFC mise sur le marché européen a déjà "fortement diminué depuis [2014] et est resté inférieure à la quantité maximale fixée" par le F-Gaz.
En parallèle, des efforts supplémentaires ont été demandés aussi bien au niveau européen comme à l'échelle de certains pays, pour restreindre les fuites de HFC provenant des matériels CVC, encourager la récupération des gaz en fin de vie, pousser l'utilisation de fluides frigorigènes sans HFC ou encore interdire l'utilisation de HFC pour certaines applications. Ce qui fait dire à l'EEA que "l'UE est donc en bonne voie d'atteindre ses objectifs d'élimination des HFC".
Une affirmation qui se vérifie aussi par rapport aux objectifs du Protocole de Montréal de 1989, complété par l'amendement de Kigali entré en vigueur en 2019. Pour rappel, le texte prévoit que les pays développés (dont l'UE, en l'occurrence) comme les économies émergentes réduisent progressivement leur consommation d'HFC. Le calendrier du protocole prévoyait d'atteindre 15 % du niveau de référence d'ici à 2036, une échéance que l'Europe a visiblement honoré : "En 2024, la consommation d'HFC de l'UE-27 était inférieure de 60 % à l'objectif fixé par le Protocole de Montréal, recalculé pour l'ensemble du territoire de l'UE-27".
Prévenir le marché noir
Dans un message publié sur LinkedIn, l'ADC3R (Association des distributeurs, conditionneurs, récupérateurs et retraiteurs de réfrigérants) "salue" les "avancées" explicitées dans le rapport de l'EEA. Selon l'organisation, celles-ci démontrent que "l’UE maintient une trajectoire ambitieuse : moins de HFC vierges, davantage de régénération et un marché globalement sous contrôle".
Elle souligne notamment la hausse de 60 % du SF6, en lien avec l'essor des réseaux électriques, et la véritable envolée (+124 %) de la régénération, avec des volumes qui couvrent la totalité de la production européenne de HFC vierges. L'ADC3R met néanmoins en garde sur "l’importance de garantir la traçabilité et l’intégrité des flux, notamment face au risque croissant des fluides illégaux", alors que ces derniers représenteraient environ un tiers du marché légal communautaire.
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